Depuis ma plus tendre enfance, je suis un fan inconditionnel de sports automobiles, plus particulièrement de Formule 1. J’ai des souvenirs de mon père venant me réveiller à 6h du matin le dimanche du Grand Prix du Japon à Suzuka, épilogue du championnat du monde ou « Le professeur » Alain Prost et Ayrton « Magic » Senna s’étaient affrontés sans relâche toute l’année pour graver dans le marbre les plus belles pages de la discipline.
Cela fait maintenant une quarantaine années que je regarde tous les grands prix, et que je suis l’actualité des sports mécaniques. J’ai eu la chance d’aller voir le grand prix d’Italie à Monza à l’époque ou Jean Alesi courait pour la Scuderia Ferrari, et le grand prix de France à Nevers Magny-Cours lorsque Michael Schumacher était à son apogée, également avec les bolides rouges de Maranello. Lorsque j’entends vrombir un moteur dans la rue, je me retourne systématiquement. Bref, je suis un passionné. Et moi qui suis très sensible à la nature et à l’écologie, je me délecte de ce délicieux paradoxe, au cœur de la nature humaine !

Eric Patrizio – Karting – Septembre 2016
Il y a quelques années, j’ai décidé de me jeter à l’eau. On ne vit qu’une fois. Je suis passé de spectateur à acteur. J’ai commencé la pratique du karting dans la catégorie « Compétition Loisir » notamment via une association qui organise un championnat « 2 Temps ». De plus, je participe à quelques courses d’endurance « Open 4 Temps ». J’ai investi dans une combinaison, des gants, des bottines et un casque. Ça y est, c’est fait, je suis un pilote, un vrai, la grande classe 🙂
Les premières courses se sont avérées très compliquées car je n’étais pas dans le rythme. Maintenant, après beaucoup de roulage, une bonne dose de conseils et d’observations auprès de mes pairs, un p’tit coup de persévérance, le tout associé à un plaisir infini qui ne me quitte jamais, je commence à pouvoir me bagarrer au sein du peloton.
Ainsi, en août dernier, me voici au départ de ma cinquième 24h, l’épreuve reine en endurance à l’instar des 24h du Mans, au sein d’une équipe composée de pilotes très expérimentés. Quelle chance, quel privilège, après seulement trois années de pratique ! J’arrive sur le circuit le samedi matin sur-motivé, en ayant la conviction que je vais passer un excellent week-end, tout en continuant mon apprentissage. Bref, le pied, j’ai la grosse banane. Résultat des courses, nous arrivons 8ème sur un plateau d’une quarantaine d’équipages, mon meilleur résultat. Génial non ? Non, pas génial !! En effet, durant la course, pour la première fois, le plaisir m’a quitté. De plus, habituellement, les jours qui suivent une épreuve de ce type, il y a beaucoup d’échanges entre les pilotes, tellement de sensations fortes ont été partagées. Et bien là, quasi rien. Étonné de la situation, je fais part de ma déception au team manager. Ce fut sans appel, nous avons tout bonnement vécu l’épreuve dans des espaces différents, avec un paradigme opposé. D’un côté, le chronomètre était l’objectif. De l’autre, le plaisir, en dehors et sur la piste. Dans ce contexte, l’échec était inévitable, d’un côté comme de l’autre, malgré le succès apparent.
Fort de cette expérience, j’ai immédiatement pensé aux écrits d’Olivier Soudieux. Olivier Soudieux est un conférencier, formateur, coach en entreprise dans le domaine de la performance, de l’agilité et de l’innovation. Et il partage et alimente son activité professionnelle avec sa passion de la haute montagne. Dans son article « Managez par le sens face à l’incertain » l’auteur met en parallèle deux expéditions. La première, composée d’une équipe très expérimentée, avait pour objectif d’atteindre un très haut sommet de l’Himalaya. Objectif atteint mais accompagné d’un fiasco humain. La seconde, via une équipe bien moins expérimentée, voire même amateur, consistait à partir à la découverte des montagnes du silence en Norvège. Objectif atteint, très largement dépassé même eu égard au niveau d’expérience de l’équipe, le tout associé à une aventure humaine fantastique. Mais pourquoi une telle différence entre ces deux aventures, malgré le fait que l’objectif semble avoir été atteint dans les deux cas ? C’est très simple mon capitaine : Le SENS, partagé, ou pas ! Lorsqu’un groupe se prépare à une aventure, la question à se poser n’est pas : « Comment allons-nous mener cette aventure ? » mais « Pourquoi allons-nous mener cette aventure ? ».
La boucle est bouclée par rapport à mon article précédent « Une équipe soudée par des valeurs est capable de déplacer des montagnes », étayé par l’ouvrage « Managez votre tribu ». Pour qu’une entreprise atteigne la phase 4 de son évolution, elle doit adopter le management du « Pourquoi » et laisser derrière elle le management du « Comment ». CQFD.
En guise de conclusion, j’ai pris conscience d’une chose toute simple. Pour progresser dans la vie, il est nécessaire de lire, regarder, partager, se confronter, dans tous les contextes et sur tous les thèmes qui nous animent. Cela permet en effet d’alimenter son propre chemin, d’avancer dans la compréhension des phénomènes qui nous touchent. Mais, à ce stade, cela reste purement intellectuel. En revanche, lorsque l’on vit, lorsque l’on expérimente les choses, dans le réel, on les intègre à notre être, définitivement.
< Management 1/2 : Une équipe soudée par des valeurs est en mesure de déplacer des montagnes.

Dave Logan – Managez votre tribu (Tribal leadership)
Bonjour,
Je ne peux que souscrire et abonder sur la primeur nécessaire du sens sur le « comment ? ».
La question essentielle et première est d’ailleurs « Pour Quoi ? » -encore plus que « Pourquoi ? »-, autrement dit, quelle est notre raison d’être, notre mission au delà de ce que nous allons faire.
Dit encore autrement: qu’est-ce qui manquerait au monde si nous ne faisions pas ce que nous avons l’intention de faire ?
C’est une fois que tous les membres de l’équipe partagent cette réponse, qu’il est véritablement l’heure de se demander plus précisément ce que l’on va faire, et comment.
Merci pour votre commentaire, d’autant plus pertinent dans la mesure où il provient de la personne qui a inspiré mon article 😉
Effectivement, subtile différence entre le « Pourquoi ? » et le « Pour quoi ? » … la quête de sens doit se situer au centre de nos préoccupations.